Sortie du premier film de Jean-Marie Poiré comme scénariste, dialoguiste et réalisateur : Les Petits Câlins

Poiré en pleine discussion avec Marie Déa. Poiré a absolument tenu à ce que sa marraine fasse partie de son premier film, ne serait-ce que comme un clin d’œil

Dominique Laffin et Poiré pendant le tournage du film Les Petits Câlins

Devant le succès mitigé de son premier film, Jean-Marie Poiré revient à l’écriture. Il reprend sa plume pour Georges Lautner, et avec la participation de Josiane Balasko, il écrit Retour en Force, où Victor Lanoux est pressenti pour le rôle principal. Mais Jean-Paul Belmondo propose à Georges Lautner, de tourner avec lui, une chance qui ne se refuse pas !
Poiré se retrouve sans metteur en scène. C’est à la demande insistante de Victor Lanoux – qui avait adoré Les Petits Câlins – que Jean-Marie Poiré reprend sa casquette de réalisateur. Une comédie au titre bien trouvé avec Victor Lanoux, Bernadette Lafont et Pierre Mondy.

Le personnage de Lanoux est ciblé par des truands dans Retour en force

Eva Harling et Philippe Klébert qui joue son frère dans Retour en force

L’amitié entre Josiane Balasko et Jean-Marie Poiré, qui date des Petits Câlins, a été renforcée par leur écriture commune sur Retour en Force. Elle propose à Poiré d’adapter avec elle et de mettre en scène un sujet qu’elle a imaginé, Les Hommes Préfèrent les Grosses.

Balasko et Poiré pendant l’écriture du film Les Hommes préfèrent les grosses. Ils se moquent de leur co-auteur (celui-ci jettera l’éponge) qui rabâche qu’il ne trouve pas les dialogues assez « cocasses, insolents et féroces ! »

Le film sera un immense succès de 2 Millions d’entrées alors que le film de Lautner plafonne autour de 700 000. Cela incite Jean-Marie Poiré à se tourner plus vers la mise en scène que vers l’écriture.

Josiane Balasko dans Les Hommes préfèrent les grosses

Josiane Balasko et Dominique Lavanant dans Les Hommes préfèrent les grosses

Le Théâtre du Splendid propose à Jean-Marie Poiré d’adapter avec la troupe leur pièce, Le Père Noël est une Ordure. Le film obtient un gentil succès, en deçà des attentes de Poiré, vu les premières réactions des spectateurs, mais il prend vite son essor en vidéo. Puis la télévision prend le relais, transformant le succès en véritable triomphe. Dix ans après sa sortie, le 26 octobre 1992, le film sera vu par quasiment 12 millions de spectateurs sur TF1.

Le Père Noël est une Ordure est devenu culte, un véritable monument du cinéma français…

Claude Berri engage Jean-Marie Poiré pour faire un film avec Coluche. Une comédie, Le Baroudeur, coécrite avec Josiane Balasko, ne verra jamais le jour car l’entente entre Poiré et Coluche n’est pas idéale. Poiré préfère renoncer au projet.

En lieu et place il accepte la proposition de Christian Fechner d’adapter pour le cinéma, une pièce de Christian Clavier et Martin Lamotte, Papy fait de la résistance. Tourné avec un casting multi stars, ce film à grand spectacle connaîtra un succès considérable, d’une longévité exceptionnelle.
Son succès à la télévision est phénoménal : Le 26 décembre 1989, sur France2, le film est vu par presque 15 millions de téléspectateurs, le meilleur résultat de la chaîne pour l’année.

Son succès à la télévision est phénoménal : Le 26 décembre 1989, sur France2, le film est vu par presque 15 millions de téléspectateurs, le meilleur résultat de la chaîne pour l’année.

Claude Berri produit et distribue le nouveau film de Jean-Marie Poiré : Twist Again à Moscou, avec Philippe Noiret, Christian Clavier et Martin Lamotte et un casting extraordinaire qui comprend, entre autres, Bernard Blier, Marina Vlady, Agnès Soral et Jacques François. Empêtré dans le dépassement de son propre film Jean de Florette, Claude Berri confie le bébé à Alain Poiré et le film passe sous la bannière de Gaumont.

Jean-Marie Poiré et Martin Lamotte devant un portrait de Konstantin Tchernenko

Poiré faisant répéter Bernard Blier et Philippe Noiret

Jean-Marie Poiré entouré de Philippe Noiret et Bernard Blier

Jean-Marie Poiré acteur sur Twist Again à Moscou

Jean-Marie Poiré conçoit avec Christian Clavier un projet original, Mes Meilleurs Copains, interprété par Gérard Lanvin, Christian Clavier, Jean-Pierre Bacri et Jean-Pierre Darroussin ainsi que Louise Portal et Philippe Khorsan.

Cette fois Jean-Marie Poiré convainc Clavier de devenir coproducteur du film avec lui. Ils se rendent chez Christian Fechner pour financer le projet.
Malgré des excellentes critiques (à contrario du Père Noël et de Papy) le film sera un échec commercial. Pourtant il deviendra culte peu de temps après, avec un succès remarqué sur les chaînes de la TNT. Il mettra en particulier la lumière sur le talent de Jean-Pierre Darroussin.

Rareté : un polaroïd sur le tournage de Mes Meilleurs Copains. De g. à dr. : Jérôme Berthoud, Naël Kervoas, Jean-Pierre Darroussin, Christian Clavier, Jean-Pierre Bacri, Jean-Marie Poiré, Philippe Khorsand, Louise Portal et Gérard Lanvin

Producteur pour la première fois, Jean-Marie Poiré subit le contrecoup de l’échec de Mes Meilleurs Copains. Il connaît une période difficile.
Heureusement, on lui propose un film publicitaire qui s’avère être un succès retentissant dans le métier de la pub : Une série de spots pour Radiola, avec Gérard Jugnot dans le rôle principal, Les Huns. Les publicitaires se tournent vers lui et dans les quelques années qui suivent Poiré se fait un nom dans la pub et réalise un nombre impressionnant de spots, souvent avec des célébrités comme Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Patrick Sabatier, Frédéric Mitterrand, Jean-Edern Hallier, Dominique Rocheteau.

Gérard Jugnot dans Les Huns (1) pour Radiola

Josiane Balasko dans la pub Synthol

Thierry Lhermitte dans la pub Saint-Yorre

Le producteur Alain Terzian approche Jean-Marie Poiré pour réfléchir à un film. Ce sera L’Opération Corned Beef, sur un scénario de Poiré et Clavier. Christian Clavier rencontre Jean Reno pour la première fois, ainsi que Valérie Lemercier. C’est le retour vers la réussite.

Jean-Marie Poiré et Christian Clavier sur le tournage du film

Jean Reno devant la caméra de Jean-Marie Poiré

Jean Reno et Christian Clavier sur L’Opération corned beef

Jean-Marie Poiré et Jacques François

Fort de ce dernier succès, Jean-Marie Poiré réussit à imposer à Gaumont un film plus ambitieux tant du côté du budget que du point de vue artistique : un film fantastique avec des effets visuels et personnages qui viennent du Moyen Âge et s’expriment vieux français. Ce projet risqué auquel seuls Poiré et Clavier croient devient un triomphe inouï : Les Visiteurs.

L’américain John Hughes achète les droits des Visiteurs pour en faire un remake.
Il demande à Poiré et à Clavier de venir à Chicago pour participer au scénario de cette version hollywoodienne. John Hughes est un producteur très populaire qui a présenté – entre autres – une série de films au succès phénoménal : Maman, j’ai raté l’avion et sa suite.

Poiré aux États-Unis, près de Chicago

Une nouvelle fois Claude Berri fait appel à Jean-Marie Poiré. Gérard Depardieu, qui a adoré Les Visiteurs, aimerait un face à face avec Christian Clavier.

Jean-Marie Poiré, emballé de tourner avec un des plus grands acteurs de son temps, invente aussitôt un sujet, coécrit avec son complice Clavier.  Ce sera Les Anges Gardiens. Le film, coproduit par Cinécomic, la société de Poiré et Clavier, quittera finalement le giron de Claude Berri pour retourner chez Gaumont, après un accord entre les parties.

Christian Clavier et Gérard Depardieu dans Les Anges gardiens

Les Anges Gardiens sera le plus gros succès pour un film français de l’année 95, devenant également rapidement un film culte une fois encore.

En 1998, sur TF1, le film dépasse largement les dix millions et demi de téléspectateurs.

Jean-Marie Poiré avait imaginé de tourner un deuxième volet des Visiteurs au moment de l’écriture du premier opus mais les financiers déjà affolés par le sujet n’avaient pas osé le suivre dans son idée. C’est déjà bien qu’ils financent un film aussi risqué ! Les Couloirs du Temps ont un budget à grand spectacle et c’est un film à gags spectaculaires mais il se fera malheureusement sans la participation de Valérie Lemercier.

Les Visiteurs II – Les Couloirs du temps

Le film sera malgré tout un véritable triomphe de plus de 8 000 000 entrées. Il sera le deuxième plus gros succès français de l’année, battu sur la dernière ligne droite, par Le dîner de Cons, produit par son père, Alain Poiré.

Il est clair que chez les Poiré, on sait séduire le public.

John Hughes revient vers Jean-Marie Poiré pour lui demander de réaliser le remake des Visiteurs à sa place. Il pense que Poiré a plus l’expertise des effets visuels que lui-même qui en a fait peu dans sa carrière. Il a aussi été très épaté par les effets visuels des Anges Gardiens ainsi que ceux des Couloirs du Temps.

D’abord réticent, car faire un remake d’un film qu’on a déjà réalisé n’est pas très excitant, Jean-Marie Poiré finit par céder. Réaliser un film en Amérique est le rêve de plus d’un !

Jean Reno, Christian Clavier et Christina Applegate dans Les Visiteurs en Amérique

Tourné principalement à Chicago avec les acteurs de l’opus français Jean Reno et Christian Clavier, ainsi que Christina Applegate, Just Visiting ne sera pas un gros succès même si le film fait des recettes très honorables en vidéo et DVD.

Pour ce film, Poiré obtient de réaliser les effets visuels lui-même avec la collaboration de Igor Sekulic – qui avait réalisé plusieurs scènes en 2ème équipe pour lui – et qui devient son associé dans une société que les deux hommes créent à Londres : Visual Factory.

Le film sera doublé en français sous le titre : Les Visiteurs en Amérique.

Fauteuil de Poiré aka Jean-Marie Gaubert au studio à Chicago

Carte de membre de la DGA, Directors Guild of America

Poiré a peu apprécié son expérience américaine dont il parle avec réticence. Il a d’ailleurs signé d’un nom d’emprunt : Jean-Marie Gaubert, pour qu’on ne puisse pas penser que c’était un nouveau film de Poiré.

Jean-Marie Poiré décide de produire un film d’après une pièce de théâtre, Ma Femme s’appelle Maurice, avec Régis Laspalès, Philippe Chevalier et Alice Evans, qui devra être mis en scène par l’auteur de la pièce, Raffy Shart. Il écrit avec lui l’adaptation et les dialogues du film.
Le budget étant jugé trop important par son coproducteur Warner et les coproducteurs allemands, on demande à Poiré de réaliser le film. La firme américaine estime que confier un film aussi important à quelqu’un qui débute dans la réalisation même s’il sort d’un succès comme auteur, avec Quasimodo del Paris, est un risque trop élevé.

Le film, principalement tourné à Berlin au Studio Babelsberg, dépassera les 700 000 entrées mais ne sera pas exploité plus avant, car l’auteur de la pièce originale, Raffy Shart, en a bloqué les droits.

Régis Laspalès dans Ma femme s’appelle Maurice

Alice Evans et Jean-Marie Poiré sur le tournage

Poiré avec ses acteurs, Régis Laspalès et Philippe Chevallier

Jean-Marie Poiré déménage à Bruxelles. La vie d’artiste se poursuit en goûtant un art de vivre différent de celui de Paris, plus proche de la nature et de la simplicité.

À l’écriture et aux projets de réalisation s’ajoutent un autre centre d’intérêt. Passionné d’arts plastiques depuis toujours, Jean-Marie Poiré se construit un atelier, prend des cours de dessin et d’acrylique, et se lance avec jubilation, non sans humour, dans la peinture.